52.

 

En ressortant du service, Winter trouva Hanne Östergaard et sa fille dans la salle d’attente.

— Ils ne peuvent encore rien dire, annonça-t-il. Le cerveau est touché.

— Shit, shit, shit, lâcha Maria.

— Il y a peut-être eu trop de coups, suggéra Hanne Östergaard. Pendant longtemps.

— Il m’a dit qu’un souvenir lui était revenu, reprit Maria.

Winter la dévisagea sans un mot.

— Il pensait avoir reconnu quelqu’un. Dans l’escalier.

— Il t’a dit ça ?

— Hier.

— A-t-il ajouté autre chose ?

— Non.

— Il aurait reconnu quelqu’un ?

— Je n’en sais pas plus.

Maintenant, j’ai deux patients susceptibles de m’aider, pensa Winter. Et ils sont tous les deux dans le coma. Il faut qu’on ait du monde sur place, en permanence. Je vais prévenir Angela. Elle devra s’habituer à voir des policiers sur son lieu de travail.

En quittant l’hôpital, il croisa Morelius, qui paraissait soucieux.

— J’ai appris, pour Patrik. C’est presque comme s’il était de la famille.

— Tu es seul ?

— Greger est dans la voiture. Je voulais juste savoir comment ça allait. Son père est vraiment une ordure.

Winter prit par Toltorpsdalen, laissa la voiture dans la rue et entra dans Krokens Livs. Jilna lui sourit, mais il n’était pas certain qu’elle l’eût reconnu. Il ressortit. Le vent maltraitait sans répit La Ville des anges. Les vieux descendaient du minibus. Il se retourna, laissa errer son regard. Quelque part dans ce quartier…

Fallait-il installer une caméra dans la boutique ? Un enregistrement vidéo qu’on montrerait à Killdén, Andréasson, Matilda Josefsson et tous les autres employés ? Pendant combien de temps ?

Les possibilités étaient infinies. Le temps aussi, d’une certaine manière. Mais pas maintenant.

Il avait le sentiment que le temps lui échappait. Il approchait de quelque chose qui serait pire que tout. Il le sentait.

Son portable sonna. C’était Angela.

— C’est toi qui m’as appelé tout à l’heure ? demanda-t-il. Je n’ai pas vu de numéro sur le display.

— Non.

— Comment ça va ?

— Je viens de rentrer et… je ne sais pas. Tout à coup j’ai eu très peur. Tu ne pourrais pas rentrer, Erik ?

— Il s’est passé quelque chose ?

— Non. C’était juste… tellement bizarre, dans le hall en bas. Je ne sais pas pourquoi. Comme si quelqu’un me regardait. M’observait.

— Tu as vu quelqu’un ?

— Non. J’ai tourné la tête, mais il n’y avait personne. C’est ridicule. C’est peut-être à cause de la porte de la cave, à côté de l’escalier.

— Et alors ?

— Elle était ouverte. C’était tout noir. C’était effrayant.

Winter rentra chez lui. Il appela Ringmar de la voiture.

— Je veux que quelqu’un garde un œil sur Angela.

Il avait déjà raconté à Bertil les coups de fil anonymes et les visites dans le cagibi du sous-sol.

— Tu en as parlé à Sture ?

— Oublie Sture. Tu peux t’en occuper ?

— À partir de quand ?

— Demain matin. Devant l’immeuble. Je te rappellerai pour les horaires.

Bergenhem ne bougeait pas la tête. Il se concentrait sur le cadre du tableau, le suivait du regard.

— Comment ça va ?

— Mieux que tout à l’heure.

Martina avait couché Ada. La petite était plus silencieuse que d’habitude, depuis qu’il était revenu à la maison.

Il se leva.

— Tu as vraiment la force de sortir ?

— Je dois me remuer un peu.

— Tu crois que c’est une bonne idée de reprendre le travail vendredi ?

— Non.

— Alors laisse tomber.

— Je ne peux pas passer ma vie à la maison, Martina.

— Le temps de te rétablir, c’est tout.

— Je suis déjà rétabli. Presque. D’ici vendredi, je serai en pleine forme.

Dehors, la lumière du soir éclairait Torslanda. On aurait dit qu’un projecteur était braqué sur les maisons du lotissement. Ou peut-être juste sur la mienne, pensa-t-il.

— Je ne sais pas quoi dire, commença Angela.

— J’ai appris qu’il fallait tout prendre au sérieux, ou presque, répondit Winter.

— Je me sens idiote – elle lui sourit. Je suis influencée par ton boulot.

Il ne lui avait rien dit des visites au réduit du sous-sol. Il ne savait pas lui-même ce qu’il devait en faire.

— Tu ne peux pas prendre un congé anticipé ? demanda-t-il.

— Pas encore.

— Tu ne peux pas rester tranquille jusqu’au premier avril ?

— C’est un poisson précoce ?

— Non.

— Je veux travailler, Erik. Ça me fait du bien. Je n’ai pas envie de rester à la maison à attendre.

Il se demanda comment formuler la chose.

— Nous avons… J’ai demandé qu’une voiture jette un coup d’œil à l’immeuble de temps à autre, histoire d’être tranquille.

— Tranquille ?

— Mais oui, tu sais bien.

— Je vais avoir un garde du corps ? Rassure-moi. Ce n’est tout de même pas grave à ce point ?

— Pas un garde du corps. Plutôt une observation discrète.

— Quand je sors ?

Il ne répondit pas.

— Quand je vais à mon travail ?

— Un truc discret, c’est tout.

— Ah bon. Ce sera qui ?

— Je ne sais pas. Qu’est-ce que ça change ?

— Ça dépend du temps qu’il y passera.

— D’accord. Je peux demander à Bergenhem pendant quelques jours.

Il a besoin de retravailler, pensa Winter. Et c’est un expert de la filature.

— Mais il ne va pas me tenir par la main ?

— Tu ne le verras même pas.

Il était tard. Il lisait avec attention les rapports d’audition des figurants. La première synthèse venait de lui parvenir. C’était une collection bigarrée, où figuraient tous les métiers, ou absences de métier. Certains individus pouvaient paraître tordus au premier contact, mais la plupart du temps cela ne signifiait rien. Ce sont les types normaux qu’il faut tenir à l’œil, pensa-t-il.

Le tournage continuait. L’équipe se trouvait toujours à proximité du commissariat, mais défense d’entrer. Le chef de la police ne leur facilitait pas les choses. Ceux qui verraient ce film devraient faire un effort pour associer le bâtiment aux uniformes.

Le film avait peut-être un rôle dans cette enquête. Par l’intermédiaire des figurants.

Des adresses, des noms. Il n’en avait reconnu aucun. Il appela Möllerström.

— Janne ? Est-ce que tu pourrais commencer à comparer les noms et les adresses des figurants avec la liste des voisins qu’on a interrogés après Mölndal ? Ringmar est disposé à t’envoyer quelques bonshommes supplémentaires.

— Dans quel périmètre ?

— Assez vaste. Je passe te voir dans un moment.

— D’accord. Alors je fais attendre la place Vasa ?

— Commence par Mölndal.

Winter raccrocha et sortit les photos du tiroir. Il en choisit une, contempla le cou des deux cadavres dans le canapé.

L’une des réponses pouvait être là, avait déclaré Lareda. Dans l’échange des têtes. Ou des corps.

Il était assis devant l’église. À côté de lui, deux statues sans tête. La guide, qui était Alicia, lui disait qu’il en était toujours ainsi à Torremolinos. C’étaient les Maures qui décapitaient les statues. Qu’on lui coupe la tête ! Leur Dieu était un autre. Quand les têtes disparaissent, les gens n’existent plus. Les visages sont éliminés. L’une des statues le désignait du doigt. Angela était assise à côté de lui. Regarde, elle me montre du doigt, dit-elle. Les statues étaient alignées devant l’église. Il entendit les guitares. Puis les percussions.

Winter se réveilla avec un bourdonnement dans les oreilles. Angela bougea dans son sommeil. Il se leva, but un peu d’eau. Il était trois heures et quart. Par la porte ouverte du séjour, il vit que la petite lampe rouge de son Powerbook était allumée. Il avait travaillé tard cette nuit.

Il n’y avait pas eu d’ordinateur chez les Valker, ni chez les Martell. Cela ne signifiait pas qu’il n’y en avait jamais eu. Mais les superusers de la police ne les avaient pas dénichés sur le Net. En revanche, des millions de tchats. Dix mille petites annonces à caractère sexuel.

Winter retourna dans la chambre, enfila son peignoir et alla s’asseoir dans le séjour, près de la fenêtre.

Que devait-il faire de Per Elfvegren ? Il y avait quelque chose chez ce type… qu’il ne voulait pas lâcher.

Winter avait interrogé Molina sur la possibilité de faire des prélèvements, mais pour l’instant, cela restait complètement exclu.

— Mets-lui encore la pression, avait insisté Molina. Ensuite on pourra parler de garde à vue.

Lui mettre la pression. Avec quoi ?

Halders. Lâche-le sur Elfvegren.

Impossible. Je n’ose pas.

Ils leur avaient parlé, séparément.

— Donnez-moi les détails, avait ordonné Halders à la femme.

— Quels détails ?

— Tout. Depuis l’instant où il a franchi le seuil.

Per Elfvegren parlait maintenant de recourir à un avocat. Il était temps, pensa Winter.

Ensuite il avait changé d’avis. Je n’ai rien à cacher.

Ils s’étaient rendus au domicile des Elfvegren. Rien, aucun ordinateur. Halders avait les revues. Le texte de l’annonce, ils l’avaient déjà lu. Per Elfvegren avait jeté sa réponse. Évidemment.

Pourquoi n’avait-on rien trouvé chez les Valker ? Il aurait dû y avoir quelque chose. Pourquoi avaient-ils fait le ménage ? Ils avaient tout jeté. Balayé les traces. Aucune revue. Aucune note. Aucune copie. Le meurtrier avait-il tout embarqué ? Peut-être. Peut-être pas. Avait-il été en état de chercher, alors ? Qui d’autre aurait pu le faire ?

Elfvegren ne semblait pas saisir que cela pouvait se reproduire. Son attitude laissait Winter songeur. Elfvegren gardait le masque. Le masque pouvait tomber.

On peut te sauver la mise, avait pensé Halders pendant l’interrogatoire. Il avait fini par le dire à Elfvegren. À toi, ou à d’autres.

Ombre et soleil
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